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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Stephen Hopkins
Race (La couleur de la victoire)
Sortie le 27 juillet 2016
Article mis en ligne le 7 juillet 2016

par Charles De Clercq

Synopsis : Dans les années 30, Jesse Owens, jeune afro-américain issu du milieu populaire, se prépare à concourir aux Jeux d’été de 1936 à Berlin. Cependant, alors qu’Owens lutte dans sa vie personnelle contre le racisme ambiant, les Etats-Unis ne sont pas encore certains de participer à ces Jeux, organisés en Allemagne nazie. Le débat est vif entre le président du Comité Jeremiah Mahoney et le grand industriel Avery Brundage. Pourtant, la détermination de Jesse à se lancer dans la compétition est intacte...

Acteurs : Stephan James, Jason Sudeikis, Jeremy Irons, William Hurt, Carice van Houten, Eli Goree.

Race, c’est l’histoire d’une légende américaine, ou plutôt de deux années de la vie d’un sportif américain, noir. Celles-ci sont si typiquement américaines, entendons qu’elles correspondent à l’imaginaire du rêve américain (voire au rêve américain imaginaire !), que ce film apparaît par certains côtés un « feel good movie » (mais ne l’est cependant pas). En effet, à première vue, il peut donner l’impression d’être trop « cliché », convenu, formaté selon un certain idéal. Et pourtant c’est ce que l’on appelle une « histoire vraie » et si elle est peut-être un peu romancée, ce sera à peine un écart par rapport à la réalité historique. Certes, il s’agit d’un travail de reconstruction, d’une histoire, d’une vie, d’une légende, d’un combat, voire de plusieurs combats. Il y a donc un a priori au départ : rendre compte d’une histoire, et même d’une légende, au sens le plus noble et aussi le plus humain de l’expression. C’est l’histoire d’un sportif noir, Jesse Owens. Ceux qui ne connaissent pas celui qui a fait la nique à Hitler en remportant quatre médailles d’or aux JO de Berlin en 1936 peuvent consulter cette page Wikipedia ou les livres qui lui sont consacrés. On citera, par exemple Jesse : La fabuleuse histoire de Jesse Owens qui sortira en septembre 2016, à l’occasion de la sortie de Race.


(cliquez sur le lien suivant pour lire le...)

...résumé du livre par l’éditeur

...résumé du livre par l’éditeur
En un après-midi Jesse Owens a battu ou égalé six records du monde. Un an plus tard en 1936 aux jeux Olympiques de Berlin, il remporte quatre médailles d’or aux 100 mètres,200 mètres, 4 x100 mètres et au saut en longueur, sous les yeux d’Adolf Hitler et des caméras de Leni Riefenstahl. La légende de Jesse est une saga américaine au cœur de la période ségrégationniste la plus rude de l’histoire de ce pays. James Cleveland Owens alias Jesse, fils de métayer et petit-fils d’esclave né en Alabama, est le seul des onze enfants de la fratrie à entrer à l’université et il devient une légende sous les couleurs des Buckeyes de l’Ohio. De retour de Berlin en 1936, Jesse Owens n’est pas reçu à la maison Blanche comme ses coéquipiers blancs et c’est par l’ascenseur de service réservé aux Noirs qu’il se rend à la soirée de célébration olympique. Pire, le héros de Berlin est exclu de la scène internationale pour faits de professionnalisme. Pour survivre, il est contraint de courir contre des chevaux, des lévriers, des voitures et il tente toutes les carrières : artistique, politique ou commerciale. Sa vie trépidante et incroyable croise celles de Joe Louis, de Clark Gable, de Martin Luther King, de John Carlos et Tommie Smith et même du FBI ! Jesse c’est l’histoire de l’un des plus grands athlètes du XXe siècle. Un homme qui a inspiré bien des carrières dont celle de l’auteur de ce livre, Maryse Ewanjé-Epée, athlète internationale, 17 fois championne de France de saut en hauteur, médaillée européenne et 4e des jeux Olympiques (Los Angeles 1984), reconvertie dans le journalisme et dont il fut un modèle. Superbement illustré par des images des collections privées de la Jesse Owens Foundation et du Musée Jesse Owens d’Alabama entre autres, Jesse coïncide avec la sortie du premier film sur la vie du quadruple champion olympique. A la veille du 80e anniversaire de ses exploits de Berlin, Maryse revient sur la vie, la carrière et la légende du plus grand athlète de l’histoire des Etats-Unis, et offre une perspective qui contribue à rendre le personnage unique à tout jamais.


L’axe narratif principal du film, c’est donc l’histoire et la « légende » de Jesse Owens, quadruple vainqueur aux jeux Olympiques de 1936, à Berlin, devant Hitler. Il y a ensuite deux axes secondaires, mais essentiels. Tout d’abord la question du boycott des Jeux par les USA à cause de la politique d’Hitler, notamment vis-à-vis des Juifs. Nous découvrons ainsi les rôles de Jeremiah Mahoney (William Hurt), partisan du boycott, et de Avery Brundage (Jeremy Irons) qui y est opposé. Ensuite, c’est le combat d’un entraîneur blanc, Larry Snyder (Jason Sudeikis), pour accompagner Jesse Owens et en tirer le meilleur.

Nous avons enfin des axes narratifs tertiaires, mais qui n’en sont pas moins intéressants : la ségrégation raciale aux USA (sur fond aussi de sortie de la crise de 1929) d’une part et la politique tout aussi raciale d’Hitler et de ses sbires en la matière, d’autre part. Un dernier axe narratif concerne le parcours de Leni Riefenstahl (Carice Van Houten), la réalisatrice allemande des Dieux du stade (bien avant le calendrier donc !).

Enfin, on relèvera le jeu des acteurs qui arrivent à donner corps à leur personnages, mais également à la reconstitution historique ; Si bémol il y a, c’est peut-être dans les effets spéciaux qui veulent rendre la présence de la foule dans le stade et où l’on devine la construction par ordinateur. Il faut en particulier mettre en avant le jeu et les performances (d’acteur, mais aussi sportives !) de Stephan James dans le rôle-titre (il interprétait John Lewis dans Selma). Certes déjà sportif, il a reçu un coach intensif pour la course et ceci, à la façon d’Owens ! Il sera doublé dans quelques scènes par le champion canadien Hank Palmer qui joue dans le film le rôle de Quincy, le frère de Jesse (et qui a participé aux JO d’été de 2008 à Pékin).

Le réalisateur arrive à dépasser les apparences d’un film empli de bons sentiments, formaté selon les clichés des beaux biopics. En effet, il nous montre dans quelques scènes la ségrégation raciale toujours présente. Ainsi, dans les vestiaires où les athlètes blancs ont la priorité pour les douches ou encore à la fin du film, lors d’une réception en son honneur, Owens est obligé de passer par la porte de service et qu’il se plie à cette règle ! Mais ces scènes font pendant aussi à d’autres, en Allemagne, qui nous montrent la chasse aux Juifs, occultée pendant les Jeux (mais toujours présente !). C’est aussi l’ambiguïté d’Avery Brundage que Jermy Irons traduit bien et, par delà, la difficile décision de ne pas boycotter les JO de Berlin. Enfin, plus encore que le personnage d’Hitler (Adrian Zwicker) c’est celui de Goebbels qui marquera les esprits grâce à la composition inquiétante de l’acteur allemand Barnaby Metschurat (Tobias, dans L’auberge espagnole, mais plus connu dans le milieu des séries télévisées). Dernière ambiguïté bien rendue à l’écran, celle de la réalisatrice Leni Riefenstahl et de ses relations avec le pouvoir allemand, mais qui est aussi celle qui sera à la base de nouvelles façons de filmer le sport qui préfigurent les réalisations modernes. Pour conclure, aucune ambiguïté, là, dans le respect réciproque de Owens et du sportif allemand Luz Long, joué par David Kross qui avait incarné Michael Berg adolescent dans The Reader.

Bande-annonce :

La Couleur de la victoire Bande-annonce VOSTFR
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